Seiya, domestique mais pas trop ...

✎ Histoire Bonheur, horreur, bonheur. Hommes, liberté, Hommes. Domestique, sauvage, domestique. Peur, tranquillité, peur. Je pourrais continuer ainsi des heures. La vie n'est qu'une continuité de choses. Pourquoi ne t'avons-nous jamais laissé tranquille ? Pourquoi, nous, les humains, nous sommes nous acharnés sur toi, petite jument noire, qui ne cherchait que la tranquillité d'une vie de cheval sauvage ? Mais non. On débarque, on t'enlève à ta famille, à ton troupeau, et on t'embarque dans un véhicule, qui te dépose, loin. Très loin. Trop loin. Où sont tes parents, tes amis ? Où sont les arbres que tu as toujours connus, les forêts nombreuses ? Disparus. Pouf. Comme par enchantement.

Et tu tombes sur un homme. Brusque. Très brusque. Trop brusque. Les bipèdes sont-ils tous comme ça ? À frapper pour un oui ou pour un non ? Sans doute, puisque tous les lads qui s'occupaient de toi agissaient identiquement. Ils t'ont effrayé, tu les crains comme ils craignent la peste. Mais tu as tenu. Physiquement, parce que mentalement, on peut dire qu'on a perdu la petite pouliche insouciante et toujurs joyeuse. Tu n'es plus qu'une ombre, l'ombre d'un passé joyeux. Ils t'en ont appris des trucs, ils t'ont même grimpé dessus, et chevauché dans les grandes prairies. Mais un jour, tu t'es révolté, alors que vous traquiez un cheval. Comment aurais-tu pu laisser un de tes congénères, même inconnu vivre comme toi? Tu t'es débarrassé de l'homme, et t'es échappée, seule et isolée. 

La selle n'a pas tenu, et tu a réussi tant bien que mal à détruire le filet encombrant qui te détruisait littéralement la bouche. Mais la vie de cheval solitaire est bien plus compliquée que celle en troupeau, où l'on peut mutuellement compter les uns sur les autres. Là, tu passais tes nuits à veiller, de peur qu'un prédateur féroce profite de ton sommeil pour te dévorer. Et puis, au bout de quelques semaines, des hommes retrouvent ta trace. Pas les méchants, non, mais d'autres. Gentils ? Non, certainement pas. Les Bipèdes ne peuvent pas être gentils, c'est comme dire d'un puma, qu'il est inoffensif. Ca ne tombe pas sous le sens. Ils t'ont attrapée, sans grande difficulté, tu dormais quasiment debout. Et puis, tu as lâché prise, et sans rechigner, t'es fait transportée, rebelote, dans un véhicule adapté. Puis déposée dans un box, dans un ranch rempli de chevaux, à ton plus grand malheur, ainsi que des juments, et des Hommes en quantité. Un désastre.